Depuis l’Indépendance et même avant, plusieurs régions du Nord, du Centre et du Sud vivent dans des conditions précaires à des degrés différents. En effet, selon les enquêtes nationales réalisées, certaines régions, comme celles du Nord-Ouest, ont un taux de pauvreté élevé. Les jeunes, habitant ces contrées, ne trouvent pas un emploi correspondant à leur profil, ce qui les pousse, parfois d’une façon clandestine et illégale, à émigrer vers l’Europe pour tenter leur chance même provisoirement. C’est dire que les régions sont dans un état misérable depuis des années suite à un déséquilibre régional manifeste. Depuis quelque temps, les responsables parlent de « discrimination positive » pour donner plus d’avantages à ces régions défavorisées, mais rien de concret sinon peu de choses ont été réalisées à leur profit. Les jeunes qui vivent l’oisiveté ont récemment exprimé leur ras-le-bol aux responsables en agissant de manière illégale et non recommandée à savoir la fermeture de la vanne pétrolière et l’empêchement de la production du phosphate. Sous la pression, le gouvernement a été obligé de discuter avec les contestataires du Kamour et de conclure une convention permettant l’emploi d’un nombre d’habitants de la région du sud. D’autres contestataires ont voulu suivre cet exemple pour obtenir également des avantages du gouvernement.
Ainsi, à Sfax, la fermeture de la vanne du gaz a privé toute la région de cette énergie essentielle. Dans d’autres régions, comme celle du Kef, les gens sont également sortis dans la rue pour crier haut et fort leurs revendications à qui de droit. Il faut dire que ces habitants de l’intérieur du pays ne veulent plus entendre des promesses sans lendemain. D’où la nécessité de revoir le modèle de développement en donnant plus de pouvoir aux régions pour l’élaboration, la réalisation et le suivi des projets en fonction des besoins des habitants et des hommes d’affaires, en impliquant les composantes de la société civile et des experts.
Certes, un projet est actuellement en gestation pour préparer les régions à se prendre en charge mais on devrait accélérer le processus de la décentralisation pour permettre aux habitants de bénéficier de leurs droits constitutionnels dans les domaines de l’emploi, de l’approvisionnement en eau, de l’infrastructure de base moderne, des équipements collectifs et des diverses commodités nécessaires pour vivre dignement. Du travail en profondeur reste encore à faire pour les années à venir mais il faut commencer tout de suite à élaborer les nouvelles orientations du gouvernement en matière de gouvernance locale et régionale, loin des considérations politiques. Le pragmatisme doit primer dans les futurs projets régionaux pour satisfaire des besoins socioéconomiques et désenclaver des régions qui ont souffert durant des années de laisser-aller et de laxisme.